Alexander & Hope

Je regarde tour à tour la pendule au-dessus du tableau, et mon prof qui continue son speech sur Versace. Je préférais largement m’entraîner à défiler plutôt que de connaitre la vie des grands couturiers. Alexander utilisait le prétexte qu'il fallait connaitre les gens pour qui on travaille. Que des conneries. Voilà deux heures que j'avais posé mon derrière sur cette chaise confortable comme une planche de fakir, et j'avais déjà rempli deux pages. Deux pages sur un type mort et une femme botoxée à mort. Je fixe l'aiguille, la voyant avancer si lentement que je veux me pendre. Je regarde autour de moi, tout le monde suit assidûment le cours, notant gentiment tout ce qu'Alexander dit. Je tourne la tête vers lui, et me souvins de la dernière nuit que j'avais passé avec lui. Si les autres élèves savaient ça, je n'ose même pas imaginer la relation. Je dois m'en inquiéter ? Oh, de toute façon, ça se saura jamais, il y a juste Elyménà d'au courant, et je lui fais confiance. Je le regarde de la tête aux pieds avec un sourire en coin. J'avoue qu'il est plutôt canon fringué comme ça. En même temps, je n'aurais pas couché avec lui si je le trouvais laid, logique. Eh mince, voilà que je croise son regard, il manquait plus que ça. Je ne le lâche pas, j'attends qu'il cède. C'est la sonnerie qui fît le travail à notre place. La classe se lève dans un vacarme énorme, un bruit de chaises qui grincent sur le sol. J'ai horreur de ça. Je fourre ma trousse et mon classeur dans mon sac, puis me lève. Bon sang, j'ai mal au cul à cause de cette chaise, ça fait du bien d'être debout. Je prends mon sac par la bretelle, et m'avance vers le bureau d'Alexander. J'attends que tout le monde sorte, mais ils en mettent d'un temps ! Je décide de rouvrir mon sac, et de ressortir un vieux contrôle. Alexander est à la porte, il regarde les élèves sortir. Il n'a même pas vu que je suis devant son bureau. Il reste encore une dizaine d'étudiants dans la salle, autant ne pas prendre de risques.

« Monsieur Jefferson, j'ai une question en ce qui concerne ce devoir. »

Je souris, fière de mon petit stratagème. Oui bon, ce n'est pas digne d'une grande guerrière, mais c'est déjà ça non ? Alexander tourne la tête vers moi, et les derniers élèves quittent la salle, enfin, pour nous laisser seuls. Je remet mon devoir dans mon sac. Je pianote avec mes ongles sur le bureau d'Alexander. Je ne lâche pas mon sourire.

« Dis moi Alexander, c'est vraiment obligé d'apprendre tous ça ? Je veux dire que, la moitié des élèves ici sont là pour apprendre à défiler comme un pro. Enfin, je parle surtout de moi, mais je compte pour plusieurs, non ? »

Oui, je sais très bien que je ne doit pas me comporter comme ça avec un professeur, mais j'aime bien l'allumer, c'est comme un passe temps. Si si, un passe temps.

Alexander & Hope

Et voilà qu'il me dit que oui, c'est nécessaire. Il manquait plus que ça, je vais devoir me taper des cours sur des gens morts, ou encore qui n'en ont rien à faire de leurs mannequins. Et en plus, Alexander nous demande de faire un travail sur l'un deux... J'ouvrirais une page d'un livre de mode, et j'en prendrais un au hasard, Wikipédia, et voilà, fait son devoir. J'arrête de jouer du piano sur le bureau de mon professeur, pour mieux regarder ma manucure faite la veille. Il me dit alors que je compte pour plusieurs dans d'autres circonstances. Comment je dois le prendre ? C'est par rapport à la nuit que j'ai passée avec lui, ou en élève ? Boarf, autant en avoir le cœur net. Je m'apprête à lui demander des précisions quand je vois quelqu'un passé devant la porte. Je referme la bouche, au cas où quelqu'un rentre dans la pièce. Même si je n'aurais rien à craindre si on se faisait prendre, je n'étais pas non plus à cent pour cent garce, et faire perdre son travail à Alexander n'était pas dans mes intentions. Si c'est pour me retrouver avec un vieux professeur esclavagiste, non merci. J’attends que le couloir soit de nouveau vide pour enfin prendre la parole. Je tourne la tête vers lui, et m’appuie sur le bureau avec mes avants bras. Non je veux pas lui montrer mon décolté. Enfin si. On va dire que je fais plus attention au moment de choisir mes vêtements le matin quand je sais que j'aurais cours avec lui dans la journée.

« Et quelles sont ces circonstances dont tu parles ? Du fait que je suis une élève parfaite, ou parfaite dans cet autre domaine ? »

J'affiche un sourire en coin, et regarde les feuilles qui se trouvent sur le bureau. Autant en profiter pour regarder un peu les cours qui m'attendent, ou mieux, le barème pour le devoir qu'il vient de nous demander. Mon regard se ballade sur le bureau, mais je ne trouve malheureusement rien d’intéressant. Je relève les yeux pour le regarder lui, restant dans ma position, même si je commence légèrement à avoir mal aux avants bras. C'est qu'il est dur son bureau !